Avec Charlotte Hug et l’imposant/super-éclectique Fred Lomberg-Holm, la cave12 reçoit deux des plus importants redéfinisseurs/pousseurs de limites de leur instrument respectif, soit un violon et un violoncelle. Unanimement reconnus comme deux improvisateurs-virtuoses en terme d’avancée importante pour de nouveaux langages « à cordes », ils ont tout deux su pousser leurs instruments jusque dans des retranchements sonores insoupçonnés, faisant ressortir des sonorités, timbres, approches de jeux jusque là, inouïes. Une rencontre duo qui s’annonce dense et riche, fourmillante d’idées, de frottements et de pincements hyperactifs, rapides, nerveux et maîtrisés. Deux maîtres de créativité en action.

Et en première partie, le retour du grand recontextualisateur/spécilaliste du luth dans un contexte avant-contemporain, le hollandais Jozef Van Wissem, pour, cette fois-ci, un set au minimalisme volontairement extrême et assumé. Une suite de palindrome sonore non-évènementielle, somme un tissage dénudé de tout attribut, austère dans sa livraison, se répétant sans cesse, de manière presque contemplative, tentant de se suspendre de manière indélébile et éternelle dans le présent infini.

FRED LOMBERG-HOLM

Fred Homberg-Holm est l’une des figures centrales et majeures de la scène bouillonnante de Chicago. On le retrouve impliqué dans bon nombre de projets important émanant de cette scène, qu’ils soient improvisés, jazz, pop, rock, noise, etc… Il joue, entre milles autre personnes, régulièrement avec le Peter Brotzmann Chicago Tentet, Ken Joe Mcphee, membre du Boxhead Ensemble et du large ensemble Lightbox Orchestra. Il a étudié la composition avec Morton Feldman, Anthony Braxton, Pauline Oliveros, etc…
Il a joué un peu partout en Europe et sur le continent américain et est considéré comme l’un des plus novateurs violoncelliste actuels.

CHARLOTTE HUG

Charlotte Hug (née en 1965) musicienne, compositrice, artiste visuelle, vit à Zurich et Londres. Elle a étudié la musique et le violon alto avec Henrik Crafoord au SMPV de Berne et Paul Silverthorne à Londres. En plus de se produire en solo au sein de divers festivals musicaux internationaux et dans des théâtres et des musées, Hug collabore également avec bon nombre d’autres artistes. Hug recherche souvent des lieux in_habituels pour ses performances, des espaces qui offrent de surprenants accents acoustiques, visuels et émotionnels à son jeu. Elle est apparue dans les cavernes de glace du glacier du Rhône, tout comme dans l’acoustiquement isolée chambre de torture SM d’un quartier chaud de Zürich. Les labyrinthiques passages souterrains de l' »House of Detention », un ancien donjon vieux de 250 ans dans la banlieue londonienne a également accueilli ses productions.

Charlotte Hug est membre du London Improvisers Orchestra. Elle collabore avec d’autres compositeurs et improvisateurs tels que John Butcher, John Edwards, Phil Minton, Maggie Nicols, Evan Parker, Elliott Sharp, Phil Wachsmann, etc,,. Son domaine englobe les champs les plus divers, incluant, la composition, l’improvisation, l’électroacoustique, la performance, des musiques pour film et le théâtre, des installations sonores…

Plus d’infos :

FRED LOMBERG HOLM :
http://www.lonberg-holm.info/

CHARLOTTE HUG :
http://www.charlottehug.ch/

JOZEF VAN WISSEM

Le dispositif compositionnel favori de l’hollandais basé à Brooklyn Jozef Van Wissem est le palindrome. Le luthiste joue des pièces « en avant » puis « en arrière », créant une musique qui est potentiellement sans début ni fin. Bien que cette stratégie puise ses racines dans les pratiques compositionnelle du 17ème siècle, elle sert encore en sauvant cet instrument archaïque qu’est le luth des oubliettes de l’histoire. Ex guitariste avec un goût prononcé pour le country-blues, Van Wissem se tourne vers le luth et le palindrome, comme dans une forme quête sur le temps infini. En bâtissant des pièces musicales palindromiques, sans débuts, ni fins, il tente de subvertir la marche du temps. En choisissant pour ce faire un instrument archaïque, il se pose la question : pourquoi l’obsolescence ne pourrait-elle pas également être inversée ?

Après avoir recontextualisé le luth en traitant ses sonorités par des dispositifs électroniques, les juxtaposant à des enregistrement environnementaux, ou les utilisant dans des contexte improvisé avec le guitariste japonais Tetuzi Akiyama par exemple, ou encore créant du noise sombre avec Maurcio Bianchi, il revient à l’heure actuelle à une approche pure de l’instrument, avec un disque et une pièce appelée A Priori. Il performe sans accompagnement ou effets étrangers. Les sonorités articulées en des cadences non pressées, peuvent sonner anciennes, mais le langage d’harmonies dissonantes, de grappes de tons et de rares fioritures bluesy sont enracinés dans l’avant-garde du 20ème siècle, pas dans le temps des bardes en pantalons moulants. La manière dont Van Wissem trace et retrace les sept palindromes d’A Priori, refusant à l’auditeur aucune forme de résolution ou de catharsis, est également contemporaine, dans son attitude de refus.

La musique de Van Wissem ne récompense pas une écoute fortuite et sans engagement. Sa lente cadence et ses tons bien proportionnés invitent à la contemplation, mais le manque d’évènements ou de crescendo virtusistique rend la musique potentiellement agaçante ; l’approche de Van Wissem entrave la pensée linéaire. Cette une musique à approcher de manière obsessive ; à faire tourner et tourner encore dans ses oreilles et alors seulement, et éventuellement, les pièces apparaîtront somme suspendues dans l’infinité du présent.

Plus d’infos :
http://www.jozefvanwissem.com/