Groupe-clé du formidable collectif français La Novia (cette merveilleuse plate forme de réflexion et de recherche autour des musiques traditionnelles de différentes régions françaises), LA BARACANDE offre une relecture fabuleusement et magnétiquement sur-habitée du répertoire dit « Réveillez », soit des chansons de quête déambulatoire et memento mori agitant parfois un peu facilement le spectre du jugement dernier.


Le groupe a offert au génial chanteur-parolier-musicien Sing Sing (moitié du délicieux duo Arlt) de choisir une poignée de morceaux du répertoire et de les récrire en toute liberté en écartant, si possible, le caractère par trop “catéchiste des paroles-contenus. Plutôt que d’en simplement actualiser les thèmes ou le vocabulaire pour les accorder à une quelconque dite «contemporanéité» et les rendre plus laïques et confortables, Sing Sing a pris le parti d’en faire saillir le champ lexical, les tournures idiomatiques, les images les plus convulsives puis de les expérimenter jusqu’au bord du gouffre, de les cannibaliser, les ajourer, les faire pencher, les passer par le feu de la parodie amoureuse pour les voir briller.

En résulte une collection de chansons fantastiques, remplies de trous, de greffes et de collures, de débordements et de détournements sauvages, d’apports hétéroclites (p.exemple les livres de Ramuz, le carnaval, une forme particulièrement brute de surréalisme rural, le haïku, Pasolini, le roman russe, Dada, la tradition orale, la littérature pour enfants…).

Les Réveillez ainsi revisités convoquent le Diable épouvanté, Dieu rendu à son émouvante solitude et la météo qui rend fou d’être elle-même devenue folle. En un grand tissage de joie, de trouille, de rire et de gravité, abouchant sans cesse le profane et le sacré, ils semblent tour à tour traversés et travaillés par les barbaries souveraines de l’enfance, pris d’ivresse, frappés de démence.


LA BARACANDE et SING SING cherchent ensemble comment se contaminer l’un l’autre et comment mettre en tension le sens du drame des uns et la pente de l’autre pour une espèce de sainte idiotie, une façon de liturgie comique. Comment concilier vitalité, goût du silence et sens du bruit, respect des mélodies et tendance au vandalisme, perpétuation humble et désir de libertés.


La collaboration de LA BARACANDE et de SING SING soulève des questions et à ces questions cherchent à donner une forme. Une forme impure, hérétique, instable, accidentée qui, remplie
d’échos, de rumeurs et de spectres (rock bancroche, blues possédé, pop déviante, free jazz, comptines, cantiques et tarentelles) cherche à se garder/être la plus vivante et mouvementée possible.

Un travail et rendu magistral, totalement hypnotisant, par un groupe de musiciens phénoménaux et totalement à leur affaire. Dans le genre, très hautement recommandé avec, en prime et pour enrubanner le tout comme il se doit, les passages de disques (r)éveil_hypnotico-virevoltant de Dj Chèvrefeuille, yeah!

Plus d’infos:
LA BARACANDE:
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