Captivant et techniquement pointu/défrichant travail de quête/conception sonore millimétrée à la Rioji Ikeda, la pièce sonore_création « Canons sur écran divisé — Modulation 3 » conçue par le compositeur/électronicien français Sébastien Roux et jouée/interprétée en direct par l’excellent percussionniste français Stéphane Garin et le vidéaste Jérôme Tuncer déploie, de manière transdisciplinaire, un système de composition où la partition musicale devient un film split-screen qui s’agence en temps réel.

Prenant son origine dans des canons électroniques écrits par Sébastien Roux pour le ô combien fameux & historique centre de recherche sonore français GRM (10 Canons de Vuza, 2018), ces canons musicaux servent de base à la recherche de matières sonores pour la percussion. Les canons sont des canons dit de Vuza. Ce sont des canons rythmiques qui ont deux spécificités : les différentes voix du canon ne se superposent jamais et une fois que toutes les voix sont entrées, tous les temps sont occupés. Toutes les voix sont jouées successivement en direct par l’interprète (en l’occurrence le génial Stéphane Garin donc), chacune est enregistrée (audio et vidéo) également en direct, et superposée, toujours en direct, aux précédentes.

En parallèle/même temps, le plan fixe de la caméra/vidéo sur les mains du percussionniste en train de jouer est démultiplié. Ainsi, le canon se construit sous nos yeux, les voix s’accumulent et se complètent et le split-screen se remplit jusqu’à ce que tout l’espace de projection soit occupé par un film.

Une démarche de construction sonore en direct captivante, sur_précise et à la tension/exécution/maîtrise technique exigeante, orfévrique et horlogère.

Et, en deuxième partie de soirée et complétant parfaitement l’affiche, le solo tanguant, hébété et faussement incontrôlé du génial batteur/percussionniste hyper_actif genevois GABRIEL VALTCHEV (aka UBLO et membre du fameux Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp) qui, armé de sa batterie, de quelques éléments de percussion et d’électronique cannibale/sauvage délivre des univers denses où le narratif se fait bouffer par l’en-deça, avec ce que cela comporte d’abîme, de non-balises, de noyaux/cellules sonores explosives/éclatantes, de parasitages satellitaires et de furie_compresseur.

Un percutant_drums & noise solo_yes, tentaculaire et décapant! Parfait pour la deuxième partie de soirée.

Plus d’infos:
https://gmem.org/evenement/piece-pour-percussions-video-et-electronique/
http://www.sebastienroux.net/